Luce Couillet
Parlez-nous de votre parcours.
Je me suis concentrée sur la conception textile après une formation plutôt générale dans le design produit. La complémentarité création/technique, 3D/2D, pluridisciplinarité/expertise me permet aujourd’hui d’aborder un sujet de façon très libre. J’ai commencé à exercer mon métier en envisageant le textile comme une matière, un matériau. Aujourd’hui, je le défends également comme un objet, une sculpture ou un élément de décor.
Comment décririez-vous votre savoir-faire unique ?
Mon pilier, c’est le tissage. C’est une technique de construction qui, sous des aspects binaires un peu rigides, offre un panel de résultats riches et infinis. Je l’utilise pour sa fonction première : assembler des matériaux ensemble. Je ne cherche pas la prouesse technique mais un équilibre, une harmonie entre la pièce (sa chaîne et ses trames), la silhouette et l’espace qui l’entoure.
Comment vos pièces s’inscrivent-elle dans l’espace ?
Le point de départ c’est cet axe tissé, la colonne vertébrale autour de laquelle gravitent les éléments qui vont créer une vibration dans l’espace. Un axe stable, en tension, d’où rayonnent des matières variées, comme des ramifications. J’aime le travail in situ. Penser une pièce pour l’endroit où elle va être installée, l’histoire qu’elle va raconter, l’entourage qu’elle va côtoyer, les dialogues qui vont s’opérer, c’est la singularité qui m’intéresse. Les silhouettes peuvent être suspendues, tendues, au milieu d’une pièce ou sur un mur : tout dépend de ce qu’il faut raconter ou de l’espace à disposition. Les dessins sont élastiques.
Quel est le lien entre recherche et art selon vous ?
Prendre le risque de s’engager dans un travail sans savoir exactement où l’on va. Suivre son instinct. Supporter le flou. Être capable de remettre son hypothèse de départ en doute. Émettre et fouiller des hypothèses bizarres. Accepter de passer du temps sur des expériences qui n’aboutiront peut-être sur rien. Être curieux. J’aime bien travailler en avançant pas à pas : en bougeant un paramètre puis un autre. Le tissage est une discipline assez scientifique : il y a énormément de paramètres à régler pour trouver l’équation parfaite (la grosseur du fil, ses couleurs, la densité, le choix de l’armure…).
Où peut-on voir votre travail ?
À la galerie B.Y Chatel dans le IIIe arrondissement de Paris ou chez des particuliers.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Au menu : du grand format et de l’échelle monumentale ! J’ai trouvé un moyen d »‘armer » des matières que je jugeais trop souples. Le feutre, le cuir, le papier vont intégrer les prochaines propositions. Cette technique devrait me permettre d’introduire la notion de mouvement dans les pièces. L’art cinétique est l’une de mes principales sources d’inspiration. Je compte l’affirmer davantage. J’aimerais également créer des dioramas, des paysages, raconter des histoires…