Rencontres

Sabine Halm, Atelier Madrigal B

Pouvez-vous nous présenter votre parcours de dentellière ?

Je suis dentellière depuis plus de 15 ans. Je descends d’une lignée de fileurs et tisserands et suis très émue par tous ces ancêtres : l’un est né en 1772 et était tisserand, un autre né en 1812 était fileur… Je cherche à remonter encore plus loin dans le temps afin de me rapprocher toujours plus d’eux : ce lien qui nous unit m’est très cher.

Ce fil que je transforme maintenant, ce fil qu’ils ont travaillé, est un «  fil conducteur », un chemin pour moi.

Beaucoup me parlent de mon métier comme d’une «passion »… Ce n’est pas une passion,  c’est une évidence, pour moi, le choix de ce métier de dentellière.

Entre sculpture et fil, vous travaillez la dentelle de manière peu conventionnelle. Pouvez-vous nous présenter votre pratique de ce savoir-faire traditionnel ?

La dentelle que je crée est un savoir-faire traditionnel très prisé aux XVIIe et XVIIIe siècles : elle servait à ennoblir les vêtements d’apparats royaux.

Dès le  début, quand j’ai commencé à apprendre la technique de cette dentelle,  j’ai cherché à m’exprimer à travers elle, et également au travers de la broderie et du tissage ; pour créer ma propre technique, mon propre moyen d’expression artistique ; c’est ainsi que, grâce à ce procédé, je crée ces sculptures textiles.

Pourquoi le nom Madrigal B pour votre atelier ?

Un madrigal est un compliment galant fait à une femme ;  je trouvais ce mot « charmant » et parfaitement adapté pour parler de dentelle.

Cependant, pour les sculptures textiles, l’atelier s’appelle « Sculptures fibres », je tenais à bien distinguer les deux univers. Ce sont, pour moi, deux dialogues ou partitions totalement différentes. Quand je crée avec la dentelle traditionnelle, je joue du classique…  quand je crée mes sculptures en utilisant ma propre technique, je joue du jazz.

Avec quels types de clients travaillez-vous ?

J’interviens en B to B et B to C.
Offrant des créations allant de l’ennoblissement textile et ou matières, mais aussi d’accessoires.

Et enfin les sculptures, qui elles, seront exposées en galerie, notamment sur le site : https://www.residence.gallery/sabine-halm

Quel avenir pour les métiers d’art dans une époque où l’on repense notre manière de consommer ? 

Les métiers d’art sont totalement dans l’air du temps. Chacun d’entre nous aspire réellement à consommer différemment. L’achat ne se veut plus uniquement un « achat » mais une attention au travail de l’autre.

Nous ne voyons plus uniquement l’objet mais l’humain qui, par son talent, lui a donné vie. Toutes les créations ne sont pas uniquement des objets, elles sont chargées de l’émotion, de la conscience, de la vie même de celui qui créé.

Il ne suffit plus de nous extasier sur le savoir-faire mais de donner à tous ces professionnels des métiers d’art la possibilité de vivre de leur métier,

Demain sera et doit être celui de l’humain et de la main.

Quels sont vos projets dans un futur proche ?

Ce sont des projets d’ordre psychologique, surtout axés sur le désir de rester libre dans mes choix, ne pas ou ne plus penser uniquement en termes de travail, de production et de rendement. Je remets tout le temps en cause le fait que moi aussi je doive « produire ».

Et si nous pensions plutôt que l’activité de chacun doit permettre d’exercer ses dons et ses talents, de les mettre au service des autres, en y trouvant son propre épanouissement ainsi que celui de la communauté ?

Ma seconde priorité, pour revenir au concret, sera de développer mon projet d’exposition auprès de Résidence Galerie.

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