Charlotte Biltgen est architecte d’intérieur et designer. Son ambition de créer des lieux de vie, de lier espace et mobilier. Soucieuse des détails, elle travaille avec précision, invente en jouant avec les lignes et les contrastes. En quête constante d’équilibre, elle ne s’enferme pas dans des règles et n’aime pas la répétition. Découverte de son parcours, ses inspirations et sa conception de la création : 

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

J’ai toujours été passionnée par la décoration. A l’âge de 15 ans, je sélectionnais les pièces de design que j’appréciais dans la presse et les magazines de décoration et je réalisais des book de tendances.

Après avoir passé le bac, j’ai rejoint l’école Camondo pour un cursus de 5 ans en passant par une année de classe préparatoire. J’y ai appris l’architecture et le design de mobilier classique. J’ai eu accès à une formation d’ensemblier. En ce sens je suis réellement ancrée dans la culture française ; je conçois et dessine un lieu et ses meubles comme une œuvre totale. Je sais donc embrasser un lieu et tout ce qui s’y passe.

Après mes études, j’ai travaillé pendant un an chez Sylvain Dubuisson puis j’ai rejoint l’équipe d’India Mahdavi deux ans après l’ouverture de son agence. J’y suis restée 13 ans. Responsable de la direction artistique du bureau d’études pour les projets d’hôtellerie et de restauration, j’ai aussi dessiné toute la collection de mobilier.

Cette expérience très riche m’a permis de travailler sur une grande diversité de projets, de scénographie et de création de mobilier. C’était très amusant et très créatif. J’ai participé au travail de création autour d’un véritable ADN de couleurs, de jeu de forme et de mélange des cultures.

Comment définiriez vous votre style ?

En 2014, je décide de créer mon agence. Je m’éloigne de l’univers d’India Mahdavi mais je préserve l’amour du travail, des formes, du mélange des courbes, des tensions et des contrastes puisés dans différents univers. 

J’aime travailler et penser les formes, les lignes et les textures. Les superpositions et les jeux que l’on peut créer avec ces éléments m’inspirent. Mes tables en staff avec des godrons hélicoïdaux en sont un bel exemple. J’accorde une très grande importance aux détails que je travaille avec une grande attention et beaucoup de précision. J’ai peu à peu laissé de côté l’univers très coloré d’India.

Mon travail réside dans la quête d’équilibre et le jeu des contrastes.
Je ne veux pas me répéter et m’enfermer dans des règles.
Je souhaite être libre et inventer sans cesse.

Quel est votre lien avec les artisans d’art ?

Je travaille avec beaucoup d’artisans et me nourris de ces collaborations. J’aime la technique de l’artisanat, le dialogue qui se crée lors d’une collaboration, l’ouverture d’esprit et les découvertes que cela m’apporte. Chaque artisan détient sa propre manière de percevoir les choses, de les concevoir. Leurs rapports aux outils, à la technique et à la création sont toujours différents et j’aime me connecter avec leurs multiples perceptions.

Photos – © Romain Ricard, ©Rodrigo Rize, ©Thierry Depagne, ©Philippe Garcia