Parlez-nous de votre parcours : quelle formation avez-vous suivie
et comment en être arrivée au développement textile ?

Je rêvais d’être sculpteur pour la matière et le travail du geste auxquels j’étais très sensible, mais je me suis finalement orientée vers la création industrielle à l’ENSCI – Les Ateliers. La profession de designer me semblait plus contemporaine et tournée vers l’autre. Dans un projet de design, on aborde autant la forme que des questions de société, d’usage, d’environnement, etc.

Au cinquième étage de l’école j’ai pu voir pour la première fois des métiers à tisser. J’ai été fascinée. Je n’avais jamais imaginé avant que le textile pouvait être un outil de création, un métier. J’ai donc décidé d’apprendre le tissage à l’école Duperré en Diplôme des Métiers d’Art (DMA). À la suite de mon diplôme, j’ai été sélectionnée pour partir en Inde me former à la broderie grâce au soutien de la Fondation Culture et Diversité et l’UNESCO.

Quelle a été l’influence de votre étape en Inde sur votre travail actuel ?

Je suis restée en Inde près d’un an. À Mumbai principalement pour la broderie mais aussi au Gujarat pour les techniques de Tie and Dye, à Jaïpur pour le tissage des dhurries et ensuite au Cachemire pour le tissage du pashmina.

La rencontre avec les maîtres artisans indiens a été un vrai choc. Avec eux, j’ai appris à me dépasser et qu’il n’y a pas de limites lorsque l’on maîtrise le geste, tout est possible ! Cette expérience a également été une grande leçon d’humilité : le design doit être à la hauteur de la main de l’artisan et aller toujours plus loin.

En parallèle de mon atelier en France, l’excellence des savoir-faire du Cachemire et la rencontre avec Akeel Hussain Mir, jeune entrepreneur Cachemiri, m’ont donné envie de développer un projet de tissage spécifique : Mir Art Gallery où design et savoir-faire se rencontrent dans des collections d’accessoires en pashmina qui valorisent le travail de la main.

Comment décririez-vous votre style bien reconnaissable ?

Le geste est au centre de mon travail de tissage. Il vient animer la surface tissée et donner cette vibration organique et spontanée très reconnaissable dans mes collections. La matière est aussi une source d’inspiration inépuisable : raphia, papier, métal, cuir… sont autant de points de départ pour créer des textiles inédits révélés par ce travail du geste.

Quel serait le type de projet rêvé pour vous à ce stade de développement de votre atelier ?

Je rêverais de développer des projets d’exception pour l’architecture d’intérieur mais aussi pour le monde des vitrines et des boutiques. J’aime l’idée de développer des ambiances textiles totales où les matières se répondent un peu à l’image d’un paysage.