Rencontres

Florence Girette

Peintre en Décor

Depuis vingt ans, Florence Girette explore l’extraordinaire potentiel du verre comme support peint. Un parcours foisonnant, fait de voyages, de rencontres et de sérendipité, qui conduit les pièces de Florence, désormais accompagnée par son fils, dans des lieux emblématiques de la décoration d’intérieur contemporaine.

Quel est votre parcours ?

 

Je voulais faire de la danse. À 16 ans, j’ai retrouvé une amie qui étudiait la dorure à Bruxelles, dans une école très réputée. Elle m’a présenté deux de ses amis. L’un était danseur chez Maurice Béjart — mon rêve — l’autre étudiait le trompe-l’œil à l’école Van Der Kellen. J’ai persévéré dans la danse. Mais j’imagine que je n’étais pas assez douée… Je n’avais pas de succès aux auditions. Un peu sous la pression parentale (« Maintenant, il faut trouver un vrai métier »), j’ai bifurqué. J’ai repensé à ces amis, et je suis partie moi aussi étudier la peinture décorative et le trompe l’œil auprès monsieur Van Der Kellen, un homme formidable. J’ai ensuite rejoint le monde du cinéma comme peintre décoratrice. Pendant vingt ans, j’ai approfondi ma technique, et travaillé sur de beaux projets.

Comment est née l’envie de devenir peintre déco ?

 

J’ai toujours été assez créative. Toujours bricolé, « bidouillé », depuis que je suis en âge de tenir un crayon. Mon père inventait des jeux, des solitaires. Je me souviens que je l’aidais, j’assemblais les pièces ! Je pressentais aussi que la décoration et la peinture décorative offraient des perspectives de voyages, de rencontres avec des équipes, de projets chaque fois différents. J’avais cette idée d’une vie riche, colorée, l’envie de ne pas faire deux fois la même chose.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la technique du verre peint ?

 

Je suis tombée dedans tout à fait par hasard. Un jour, il y avait une plaque de verre qui traînait dans mon atelier. Je me suis mise à peindre dessus. En essayant tout simplement, sans me soucier des contraintes techniques. Et j’avoue que là j’ai eu l’impression de trouver quelque chose d’autre. Un heureux hasard. J’ai adoré la sensation, et le rendu — loin des standards de la décoration d’intérieur, et un médium pas du tout usité à cette époque.

Comment en êtes-vous arrivée à travailler sur des surfaces « miroir » ?

 

C’est à l’occasion d’un projet avec Jean-Louis Deniot que j’ai commencé le miroir peint. Il souhaitait une cheminée en miroir, alors, j’ai essayé quelque chose de différent. J’avais mon savoir-faire, mes idées, et un argenteur. Tout était là. Mais j’ai mis quelque temps à affiner mon envie, à proposer mes miroirs peints.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

 

Au départ, un peintre : Klimt. Chacune de ses périodes a été pour moi une source d’inspiration, pendant plusieurs années. Puis je suis ensuite partie sur des influences plus simples, plus élémentaires : la neige, les gouttes de pluie sur le verre, l’eau. Le plus souvent, c’est l’outil avec lequel je travaille qui me dicte l’ensemble. Mais ça fait partie de la magie, dont je garde le secret !

Vous travaillez main dans la main avec votre fils. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre façon de travailler et sur la manière dont Arthur vous a rejoint sur la route de la peinture décorative ?

 

C’était une évidence pour nous deux, qu’il rentre dans le jeu. Il intervient dans mon travail depuis ses 16 ans. Et j’avais envie d’être accompagnée par une personne qui puisse reproduire ce que je lui montrais. Il est très doué pour comprendre le geste, pour déterminer comment obtenir un rendu précis. Il a eu deux parents peintres déco, un grand-père peintre. Il nous a toujours vus travailler. Nous avançons très bien ensemble, même s’il ne doit pas toujours être simple de travailler avec sa mère [rires] !

Quel projet rêveriez-vous de faire ?

 

De grands paravents. Et une très très grande chute d’eau dans une descente d’escalier !

 

Photos – ©Franck Juery, ©Florence Girette

Top