Rencontres

Maud Ruby

Plumassière

Maud Ruby, artiste plumassière installée à Paris, a rencontré les métiers d’art suite à ses études dans la mode puis dans la chapellerie. Elle a appris la plumasserie traditionnelle, avant d’ouvrir son atelier à Paris, et d’explorer les possibilités infinies de cette matière noble, pérenne, et mystérieuse.

Quel est votre parcours ?

 

Après mon baccalauréat littéraire, je me suis dirigée vers des études de stylisme modélisme à l’école LISAA. J’ai effectué quelques stages en milieu professionnel, puis j’ai intégré le GRETA de la mode pour une formation « mode et chapellerie ». J’y ai découvert l’artisanat d’art : en 2005, on ne nous parlait pas du tout de ces professions qui entourent pourtant les stylistes. Mon cheminement vers la plumasserie s’est fait en douceur et au gré des rencontres, comme avec la maison Legeron, par laquelle j’ai appris l’art de la plumasserie de façon traditionnelle pendant plusieurs années. J’ai collaboré avec plusieurs artisans comme la modiste Sandrine Bourg (modiste), Michel Carel (carcassier pour la mode et le spectacle). En mars 2016, j’ai ouvert mon studio de création à Paris. Parmi mes premiers clients : Dries Van Noten, The Row, Givenchy, Ralph Lauren, et les collaborations avec des artisans d’art et clients privés.

Que vous a apporté votre découverte de l’artisanat et des métiers d’art ?

 

L’univers des métiers d’art me convenait beaucoup plus que celui de la mode. J’y ai rencontré ma famille de cœur. Un univers beaucoup plus calme, moins compétitif. Je m’y sentais plus à l’aise. J’ai toujours été plus inspirée par la matière… faire, expérimenter, manipuler pour recréer autre chose.

Qu’est-ce qui vous anime dans votre métier ?

 

La technique me passionne, j’aime le processus qui s’enclenche pour créer et chercher la meilleure façon de réaliser un projet, quitte à aller puiser dans d’autres métiers, ce qui contribue à rester en constante recherche et en perpétuel apprentissage. J’aime mettre mes diverses compétences techniques au service de la plume pour la magnifier, lui donner une nouvelle allure tout en préservant cette poésie qui la caractérise… Ce qui m’anime également, se sont les rencontres. Je suis souvent amené à travailler avec différents corps de métiers, des artisans d’art qui sont complémentaires comme la modiste, le gantier, le chausseur, ou bien le couturier… Il y a une belle synergie qui se crée.

Vous travaillez une matière à l’aura très particulière :
quel est votre rapport personnel à la plume ?

 

Je m’efforce de mettre en valeur. Depuis toujours elle fascine, elle évoque la beauté et l’élégance. Je conçois mon métier comme un ennoblissement textile. En transformant la plume, en l’associant à d’autres matières, d’autres techniques, en innovant, aussi, pour lui redonner sa sacralité. Il y a une certaine quiétude à travailler cette matière, et je cherche à arrêter le spectateur. A lui faire prendre le temps de regarder. A le ramener à la poésie et l’apaisement que provoque la plume.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

 

Mes inspirations sont très variées, tirées souvent d’une texture, d’une fibre, de la faune et la flore. Ces dernières années, je me suis interrogée sur la mutation animale et végétale et l’encapsulage d’un mouvement. J’ai tiré mon inspiration de plusieurs artistes comme Jamie North, qui travaille sur la dichotomie et la renaissance du végétal sur l’espace urbain. Ma recherche sur le mouvement ou l’arrêt sur image m’ont fait m’intéresser au travail graphique Ad Dekkers, à la photographie stroboscopique, et à Loïe Fuller, la danseuse serpentine. Curieuse de nature, je suis en perpétuelle observation de ce qui m’entoure.

Quels sont vos axes de développement, vos envies ?

 

En terme de développement créatif, l’hybridation des matériaux m’intéresse tout particulièrement. J’aime expérimenter avec les textiles, les textures, pour en créer de nouvelles. Toujours à la recherche de techniques à manipuler et mixer avec les plumes, je me suis récemment formée à la fleur artificielle. Cela m’ouvre un nouveau terrain d’expérimentation et il y a encore pleins d’idées en attente de développement ! Je souhaite explorer plus avant les possibilités de mon design appliqué à l’architecture d’intérieur et au design d’objet. La plume peut venir se poser sur énormément de supports. Les possibilités sont infinies. Mon atelier à une clientèle tournée vers l’international, et je souhaite continuer en ce sens. J’ai la chance d’avoir été sélectionné pour l’événement Oui Design! de la Villa Albertine. Je pars donc à la rencontre de la clientèle New-Yorkaise amatrice de design et architecture d’intérieur, au mois de mai 2024.

Quel serait un projet de rêve pour Maud Ruby ?

 

J’aimerais beaucoup pouvoir un jour réaliser un décor entier et proposer une expérience sensorielle pour que le spectateur puisse se promener dans une forêt de plumes. Les croquis sont prêts.

Comment s’est passée la rencontre avec Collection Latil,
et pourquoi avoir rejoint la Collection ?

 

J’ai rencontré Olivia lors du salon Révélations 2023. Elle présentait le travail de Sonja De Monchy, ma voisine d’exposition. Olivia a une telle gentillesse et met les gens extrêmement en confiance. Celle-ci s’est très vite établie entre nous. Les raisons qui m’ont convaincue de rejoindre la Collection sont cette bienveillance et l’amour pour la matière ainsi que la richesse et la créativité des artistes et artisans que Collection Latil met en avant.

Retrouvez également Maud Ruby dans l’espace Collection.

 

Photos – ©Thomas Deschamps, ©Benjamin Debut, ©Taline Kassar

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