Maxence de Bagneux
Artiste Plasticien
Dans son atelier situé au coeur de la Normandie, Maxence de Bagneux travaille la terre, seule ou en l’associant à d’autres matériaux pour fait émerger ce qu’il appelle des sculptures-utiles. Découverte de son parcours, de son choix d’ancrage en Normandie et de sa façon de concevoir ses œuvres, à la lisière de l’art et du design :
Quel est votre parcours ?
Après un A levels en arts plastique et histoire de l’art en 1994, suite à un cursus scolaire de 7 ans en Angleterre, au pensionnat Downside Abbey School, je suis rentré à Paris faire une année de préparation artistique à l’atelier de Sèvres. J’ai ensuite intégré l’école Camondo et obtenu un diplôme en architecture d’intérieur et produits d’environnement en 2001. L’été suivant mon diplôme, je suis parti pour un voyage en Asie du Sud qui devait durer 6 mois et qui a finalement duré…7 ans. Pendant cette aventure j’ai exploré les traditions, les croyances, les folklores et les divers artisanats des pays que j’ai traversé et aussi eu la chance d’habiter .
En 2008, forts de mes rencontres humaines et de mes découvertes, j’ai décidé de me recentrer sur mon histoire et sur mon travail personnel. J’ai choisi d’établir mon atelier à Berlin, ville qui m’a attiré pour son dynamisme artistique et sa grande liberté en temps que capitale européenne. J’y suis resté 3 ans et j’ai développé un travail de dessin sur papier.
L’envie de sortir du dessin pour passer au volume s’est ensuite imposée. Après deux ans de plusieurs tentatives dans différents médiums tel que le bois et la broderie, la terre m’est apparue comme une évidence. Dès lors, c’est tout naturellement que je suis rentré sur mes terres natales en Normandie.
En 2014, je me suis formé pendant deux ans au Pôle Céramique Normandie. J’ai obtenu un CAP tournage ainsi qu’un CAP décors sur céramique.
En 2017 j’ai lancé mon projet de « sculpture à vivre » sous le nom de Mud Mud Studio. Depuis je développe des projets liés à la terre et ses techniques en collaboration avec des architectes d’intérieurs dans mes ateliers normands.
Pourquoi avoir choisi la Normandie comme point de chute ?
Grâce à mes origines familiales, j’ai la chance d’avoir à disposition un domaine au cœur de la nature normande. De l’espace, de la terre, de l’eau et du bois à profusion, le rêve pour tout céramiste.
Comment choisissez-vous les matériaux avec lesquels vous travaillez ?
Je suis toujours à la recherche de la terre ou de la technique qui pourra le mieux servir le projet ou la forme. J’accorde beaucoup d’importance au toucher et au ressenti. L’argile est un matériau vivant. Par moment j’ai l’impression que c’est l’argile qui m’a choisi.
Quelles sont vos sources d’inspiration?
Mes sources d’inspiration viennent essentiellement de mes voyages mais aussi de l’architecture, du monde de l’art et du design. Brancusi, Ettore Sottsass, Anish Kapoor sont des artistes et designers dont le travail me touche particulièrement. Je suis également très attaché aux artistes qui exécutent eux-mêmes leurs œuvres à grande échelle comme Georges Rousse, Ernest Pignon Ernest pour ne citer qu’eux.
Pouvez-vous nous expliquer le concept de « Sculpture-utile » ?
La « sculpture-utile » ou « sculpture à vivre », vient de l’envie de faire de son quotidien un acte artistique, partir de la sculpture pour aller vers l’objet, de la forme vers la fonction.
Que souhaitez vous véhiculer à travers vos œuvres ?
Travailler la terre implique indéniablement une connexion avec la matière. Il faut faire corps avec elle. J’essaie à travers les jeux de formes et de matière de retranscrire cette connexion. J’essaie d’attraper le regard comme une forme attrape la lumière, de donner l’envie de toucher comme j’aime plonger mes mains de l’argile ; une sorte de transmission du plaisir.
Quels sont vos nouveaux axes d’exploration ?
Aujourd’hui je cherche à pouvoir me libérer plus de temps de création pure. Pour cela, je dois revoir constamment les procédés de fabrication et de production. En ce moment je cherche à allier la technique du moulage tout en gardant la singularité d’une pièce. Je cherche en quelque sorte à faire du moulage éphémère.
Photos – © Laure Ledoux ©Jelle Van Seghbroeck ©Benjamin Lalande